Introduction : Ce que l’on tait, ce qui persiste
Le silence a sa propre voix.
Une voix douce ou lourde, pesante ou apaisante. Parfois, il est choisi.
D’autres fois, il est subi. Mais quoi qu’il en soit, il parle. Il dit ce que
les mots ne parviennent pas à formuler. Ce que l’on garde pour soi, par pudeur,
par peur, ou parce que personne n’a tendu l’oreille.
Ces silences ne sont pas
vides. Ils vibrent. Ils habitent les regards, les absences, les gestes retenus.
Ils créent un langage souterrain, un écho intime, chargé de non-dits et de
vérités suspendues.
Comme
l’écrivait Marguerite Duras :
Les silences qui parlent fort.
On croit parfois que le
silence est une absence. Mais c’est souvent une présence autrement exprimée. Il
peut être lourd de colère, gorgé de tendresse, tendu par la peur ou traversé
par la paix. Il est langage quand le langage échoue.
Un parent qui n’a jamais dit
« je t’aime », mais dont le regard protège. Un ami qui s’éloigne sans
expliquer. Un adolescent qui garde tout en lui, parce qu’il ne sait pas comment
nommer ce qu’il ressent. Ces silences-là ne sont pas des vides. Ce sont des
mots qui ne savent pas sortir.
Ce que l’on garde enfoui.
Il y a en chacun de nous des
phrases qu’on répète intérieurement sans jamais les dire :
«
Je suis fatigué. »
«
J’ai peur de te perdre. »
«
Je n’ai jamais guéri. »
«
Je t’aime encore. »
Ces phrases, invisibles et
pourtant puissantes, modèlent nos comportements. Elles orientent nos choix,
altèrent nos relations, figent nos élans. Et souvent, le seul fait de les
reconnaître, de les formuler intérieurement, ouvre un espace de respiration.
Écouter ce qui ne s’est
jamais dit.
Il faut du courage pour entendre
le silence de l’autre. Ne pas combler. Ne pas interpréter. Juste être là.
Présent. Disponible. L’écoute véritable ne cherche pas à forcer l’autre à
parler. Elle offre un espace pour que, s’il le souhaite, il puisse déposer ce
qu’il n’a jamais osé.
Et il faut aussi du courage
pour écouter son propre silence. Ce qu’on évite. Ce qu’on cache. Ce qu’on n’a
jamais osé avouer. Car c’est dans ce face-à-face, souvent inconfortable, que
naissent les premières vérités libératrices.
Conclusion : honorer les
silences qui nous habitent.
Les silences ne sont pas des
ennemis. Ce sont des lieux de passage. Des chambres intérieures où l’émotion
se prépare, mûrit, se cherche. Plutôt que de les craindre, il faut apprendre à
les écouter. À leur donner droit de cité. À les accueillir comme des fragments
d’humanité.
Car ce que l’on ne dit pas
n’est pas forcément perdu. Cela peut devenir un chant intérieur. Un poème muet.
Une prière silencieuse. Un espace sacré où l’on se retrouve face à soi.
Et parfois, à force d’écoute
et de douceur, ces silences finissent par devenir parole. Pas forcément
bruyante. Mais vraie.
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